dimanche 6 novembre 2016

La Nuit est Leur Royaume. Rivages. 2016

 

« La graine fertile produit beaucoup de fruits. La graine corrompue donne aussi une récolte, mais quelle en est la valeur ? Seules la mort, la putréfaction et la peur sont les fruits de la mauvaise graine. La récolte défaillante n'est pas à blâmer. Le fruit pourri n'est pas coupable, ni les plans morts. Mais tournez-vous vers la graine, car c'est là que réside la faute. »

Je découvre Wessel Ebersohn cet automne avec La Nuit est Leur Royaume. Je découvre par la même occasion son personnage fétiche, Yudel Gordon ( La Nuit Divisée, Coin Perdu pour Mourir, Le Cercle Fermé, La Tuerie d'Octobre). Ce dernier titre introduisait également Abigail Bukula, juriste Sud-Africaine dont je viens aussi de faire la connaissance dans ce dernier opus d' Ebersohn publié par Rivages le mois dernier.

Je n'ai jamais caché mon penchant pour les romans qui se déroulent sur une toile de fond politique. Il y a deux raisons à cela : soit il s'agit de pays que je connais et dont je connais l'histoire (lorsqu'il s'agit des pays de l'est ou de la France) soit je trouve là un prétexte pour aller fouiller et mieux comprendre le contexte géopolitique. La littérature, blanche ou noire, peu importe, a cet effet formidable, de vous faire vous poser encore plus de questions à la fin d'un livre qu'avant de l'avoir commencé. Ou bien je suis à côté de la plaque.

C'est précisément ce qui s'est passé avec le roman que je viens de finir. Yudel et Abigail sont Sud-Africains mais l'affaire qui les occupe les emmène au Zimbabwe. Sept opposants au régime de Mugabe ont disparu et leurs camarades sont persuadés qu'ils se trouvent à la prison de Chikurubi. Parmi les sept il paraîtrait qu'Abigail en connaîtrait un. Chose dont elle n'est pas convaincue.

Mais elle connaît le Zimbabwe pour y avoir vécu. Des parents à elle y ont été massacrés. Les liens sont plus forts qu'elle n'aimerait l' admettre. Elle y va.
En ce qui concerne Yudel, psychologue, criminologue, Juif, marié à une Rose inquiète par les occupations de son fouineur de mari tellement passionné par son métier qu'il en oublie les risques, il est visiblement attaché à Abigail par une sacré mauvaise expérience vécue à ses côtés dans La Tuerie d'Octobre. Il la rejoint quelques jours plus tard.
Alors, si comme moi, vous tapez Zimbabwe dans la barre de recherche google, parmi les premières occurrences vous allez tomber sur « Zimbabwe tourisme ». Ça c'est un truc qui m'a toujours interpellée : quand est-ce qu'on se dit « tiens, je vais passer par un tour opérateur et puis acheter les guides touristiques pour me faire un trip all-inclusive à Harare » ?
Bref. Wessel Ebersohn ne travaille visiblement pas pour un tour opérateur. L'ambiance à Harare est plutôt pesante. Les gens meurent ou disparaissent. Lorsque ce n'est pas le cas ils ont peur. Et ils ont faim.
Le directeur de l'Organisation centrale du Renseignement s'intéresse de très près au dossier d'Abigail et, en plus, il n'est pas du tout insensible aux charmes de cette juriste coriace. A plusieurs reprises, en tant que lecteur, on arrête de respirer. Les choses se gâtent.
Très bon roman, lu presque d'une traite. Le rythme s’accélère au fur et à mesure que l'enquête progresse. Les doutes des personnages sont les nôtres, ainsi que leurs peurs.
La seule chose qu'il me reste à faire à présent c'est de lire les précédents bouquins de Wessel Ebersohn. Maintenant que je l'ai découvert, je ne vais pas le laisser s'en tirer si facilement !

La Nuit est Leur Royaume, Wessel Ebersohn, Traduction Fabienne Duvigneau, Rivages 2016



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